Friday, September 16, 2011

Prêt pour l'inflation.....?

par Bruno Colmant
in L'Echo
15/09/2011

On le sait désormais : l’économie est entrée en territoire inconnu et le choc financier est très sérieux. Vraiment très sérieux.

Il n’y a plus, aujourd’hui, de repères suffisamment robustes ou de théories éprouvées pour guider l’action de nos gouvernants, tant politiques que monétaires. Face à la récession, les États ont mis en œuvre une politique contre-cyclique classique. Ils ont vidé leurs ballasts budgétaires, c’est-à-dire les stabilisateurs économiques qui consistent à augmenter les dépenses et à constater de moindres recettes.

Les déficits issus de la crise se greffent sur des endettements public insolubles, tant en termes de dettes existantes que de dettes futures, issues du coût du vieillissement de la population.

L’inflation sera une des variables d’ajustement aux déséquilibres que nous traverserons. Elle aura des conséquences défavorables pour les rentiers mais permettra aux États de diminuer la valeur de leur endettement. Les banques, qui constituent l’interface entre les créanciers et les débiteurs, devront identifier leur rentabilité, mais les marges seront étroites. L’inflation suscitera aussi des rééquilibrages générationnels.

Kenneth Rogoff, professeur à Harvard et co-auteur du remarquable ouvrage « This Time Is Different: Eight Centuries of Financial Folly » continue d’ailleurs à recommander deux ou trois années d’inflation élevée pour dégonfler l’ensemble des dettes, surtout si les systèmes politiques, juridiques et régulateurs sont trop paralysés. Le prix Nobel Stiglitz ne dit rien d’autre en préconisant la poursuite des politiques monétaires accommodantes. Même Christine Lagarde a aujourd’hui un langage qui n’exclut pas l’inflation.

Une poussée d’inflation sera donc une des probables solutions, avec l’inconnue de savoir quelle en sera le phénomène déclencheur et les correctifs sociaux.

Mais une chose est certaine : la planche à billet va tourner, tant aux Etats-Unis qu’en Europe.

L’inflation est préférable à la déflation et à tout scénario à la japonaise. Et, finalement, l’inflation est l’avertissement que le bien-être futur sera plus onéreux.

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