Sunday, September 18, 2011

De la réaction malheureuse à l'éclatement de bulles (J.Stiglitz)

Extrait de "Le triomphe de la cupidité", p.117-118
par Joseph E. Stiglitz

Quand on traite les lendemains d’une crise, l’idée la plus importante est bien simple : les crises ne détruisent pas les actifs d’une économie. Les banques peuvent être en faillite ; un grand nombre d’entreprises et de ménages peuvent avoir fait faillite aussi ; mais les actifs réels sont à peu près les mêmes qu’avant – les mêmes bâtiments, les mêmes usines, les mêmes personnes, le même capital naturel, physique et humain.

Que se passe-t-il donc dans une crise ? La confiance en soi et dans les autres s’érode, le tissu institutionnel d’une société s’affaiblit quand les banques et les entreprises déposent le bilan ou sont sur le point de le faire, et l’économie de marché brouille les titres de propriété. On ne sait pas toujours clairement qui possède et contrôle tel actif particulier, parce que sa propriété, par exemple, est transférée de ses actionnaires à ses créanciers dans le processus normal d’une faillite.

Certes, pendant la « marche à la crise », il y a gaspillage des ressources : l’argent sert, disons, à construire des maisons au lieu d’être affecté à des usages plus productifs. Mais c’est l’eau qui passe par-dessus la digue – et comme on dit parfois : le passé est le passé. La question cruciale est ailleurs : comment va-t-on utiliser les ressources après l’éclatement de la bulle ? C’est à ce moment-là, généralement, que se produit le gros des pertes, car les ressources ne sont pas utilisées efficacement et pleinement et le chômage monte en flèche. Tel est le véritable échec du marché, et c’est un échec évitable si l’on met en œuvre les bonnes politiques.

Ce qui est frappant, c’est à quel point il est rare que ces bonnes mesures soient prises : trop souvent, elles ne le sont pas, et aux pertes subies pendant la bulle s’ajoutent les pertes qui font suite à son éclatement.

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