Sunday, June 23, 2013

"Réorienter le projet européen, non sur le repli sur soi, mais sur une Europe des nations"

Journaliste français, éditorialiste, chroniqueur, François Lenglet prépare un nouvel ouvrage dans lequel il ose la prospective. "Je vais montrer pourquoi la mondialisation va connaître une éclipse, et pourquoi ce n’est pas la fin du monde. Cela aura des inconvénients mais aussi l’avantage de rétablir les instruments de politique économique et monétaire nationale, correspondant aux caractéristiques macro-économiques des pays, aux besoins des gens, à la démographie…"

Tout en restant "profondément Européen", François Lenglet exhorte les politiques à se "réapproprier ces outils face au marché et à la mondialisation". Conscient que cela prendra du temps. "C’est long, parce que la génération qui a déréglementé, qui est au pouvoir, qui a 60 ans, n’a pas les schémas mentaux pour résoudre la crise. Il faut que l’alternance des générations se produise. Et comme l’espérance de vie en bonne santé est plus longue qu’avant, les baby-boomers font de la résistance. Ils organisent tout autour de la sauvegarde de leur retraite et de leur capital, refusent l’inflation et demandent que les dettes soient payées. Pour les jeunes, qui n’ont pas d’épargne, c’est l’inverse."


Simplifier sans caricaturer. François Lenglet replace la crise actuelle dans les cycles longs de l’Histoire. "La crise de 1873-1890 a duré 17 ans, avec une croissance quasi 0, une grande stagnation. Nous avons, l’air de rien, déjà passé 5 ans. Si c’était un marathon, on a déjà fait au moins 15 km."

Optimiste ? Pas forcément. "En Grèce, il y a 60 % de jeunes au chômage. Les vieux Grecs ne veulent pas sortir de l’euro, et rien ne se passe. C’est aussi la récession en Espagne, au Portugal et en Italie. En dehors de la France et de la Suède, qui ont des taux de fécondité plus élevés qu’ailleurs, c’est ‘vieux-land’. Soit les jeunes font la révolution, soit ils s’en vont, et c’est l’Europe qui en fera les frais. Il est possible qu’elle ne trouve pas les ressorts en elle-même pour résoudre la crise et devienne un parc de loisirs avec une croissance 0, une population vieillissante. Avec les Chinois qui viennent passer des vacances et les Qataris qui achètent les hôtels. L’étape d’après, c’est Renault qui ne fabrique plus en France…"

Même le moteur (grippé) franco-allemand ne trouve pas grâce à ses yeux, les uns et les autres ne partageant pas les mêmes besoins en matière de monnaie, de croissance… "Il est possible que tout cela finisse de manière très différente de ce que nous avions imaginé il y a quinze ans, qu’on sorte de l’euro, qu’on réoriente le projet européen, non sur le repli sur soi, mais sur une Europe des nations." Faute de quoi, l’Europe du Sud pourrait s’éteindre à petit feu, "par l’impossibilité de rétablir la compétitivité sans pouvoir faire bouger le paramètre du taux de change."

Source : http://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/le-chroniqueur-francois-lenglet-decrypte-la-crise-51c51dcc35703374da318621
Le 23/06/2013

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