Sunday, July 31, 2011

Une bulle de bien-être

Bruno Colmant, 31 juillet 2011

Au-delà des péripéties de la dette grecque ou américaine, certains croient que l’endettement public est un facteur accessoire.
Pourtant, mais l’avenir démontrera que, dans certains États, le seuil de criticité a été dépassé. Il ne permet pas un développement durable et conduit à d’inévitables incidents.

L’excès d’endettement public constitue-t-il lui-même une bulle financière ? Nous ne l’excluons pas. Toutes les bulles (rationnelles ou non) sont caractérisées par une même cause : un excès d’endettement, qu’on appelle l’effet de levier. Dans la théorie keynésienne, les bulles sont indissociables de l’excès d’endettement et d’une allocation sous-optimale des investissements.
La question est alors de savoir quel est l’actif qui fait l’objet d’une bulle au travers de la dette publique.
La réponse est simple : notre bien-être. Aux dépens de la prospérité des générations futures.
Nous avons emprunté le confort financier de nos descendants. Le coût de cet emprunt de prospérité n’était que flou et lointain. Il devient aujourd’hui dangereusement circonscrit. Dans cette perspective, la crise a rapproché la confrontation avec l’avenir d’une génération.
Nous serons donc immanquablement les victimes des retombées de l’endettement public excessif. Nous devrons subir un probable appauvrissement collectif dont la véritable question sera l’allocation entre classes sociales et générations. La difficulté politique de ce phénomène est qu’il faudra assortir la sortie de crise de mesures qui assurent la justice et la cohésion sociale.
Au reste, la plupart des économistes belges et étrangers partagent le même constat : la crise est loin d’être terminée. D’une ampleur exceptionnelle, elle devrait faire sentir l’amplitude de son cycle et la violence de ses effets sociaux endéans les trois prochaines années, au moment où le niveau du surendettement public sera internalisé dans la perception du bien-être futur.

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