Thursday, April 2, 2015

Les banques au centre du défi climatique



Banques de petite vertu

" La poursuite effrénée de leur seul objectif de maximisation du profit a entrainé les banques à leur perte en 2008. Afin d'assurer la continuité de services financiers essentiels pour les citoyens et les entreprises, les Etats européens ont été contraints d'injecter 671 milliards d'euros en capital et en prêt dans leurs banques et 1288 milliards en garantie ; ce qui équivaut à 16% du PIB de l'Union européenne ! Mais ce sauvetage a grevé lourdement les finances publiques : la dette belge est passée de 84% du PIB en 2007 à 99.8% en 2012. C'est peu dire que l'attitude irresponsable des banques a été la cause majeure de la crise économique mondiale que nous vivons aujourd'hui et qui est considérée comme la pire depuis la Grande Dépression de 1929. Six ans plus tard, on ne peut que constater que le secteur bancaire n'a ni pris la mesure du rôle central qu'il joue dans la société, ni de sa responsabilité.

En 2010, les chefs d'état du monde entier se sont engagés à limiter le réchauffement global à moins de 2°C, seuil au-delà duquel la science indique que les dérèglements climatiques risquent de prendre une allure incontrôlable. Deux conséquences : seul un quart des combustibles fossiles connus et exploitables peut encore être brûlé et il faut injecter 500 milliards de dollars d'ici à 2020 pour financer la transition vers une économie bas carbone. Les banques sont au centre de ce défi : par leurs activités de prêt et de financement de projets, elles peuvent soutenir les projets d'énergies renouvelables et de technologies vertes, d'une part, et empêcher la construction de nouvelles usines fortement émettrices de gaz à effet de serre, d'autre part. Prennent-elles leurs responsabilités ? Selon une récente étude de Novethic, "l'analyse des rapports des grandes banques européennes montre qu'elles sont encore loin de jouer un rôle moteur dans la lutte contre le réchauffement climatique". La part des investissement alloués aux projets d'énergies renouvelables n'a pas forcément augmenté depuis 2012, elle a même parfois diminué et seules 7 banques déclarent vouloir augmenter leur part de financements environnementaux.

A l'heure où un intense lobby bancaire vise à torpiller la proposition de Règlement de la Commission européenne sur la réforme structurelle du secteur bancaire européen, il est urgent d'ouvrir le procès des banques et d'organiser un vaste mouvement citoyen pour les contraindre à se mettre au service de l'intérêt général plutôt qu'à lui nuire "

Bernard Bayot
Source : Financité Magazine, Mars 2015

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