Eurobonds : trois petits tours et puis s’en vont…

Eurobonds : trois petits tours et puis s’en vont… Par Bruno Colmant Le 13/05/2012

http://blogs.lecho.be/colmant/2012/05/eurobonds-trois-petits-tours-et-puis-sen-vont.html

Nous avons consacré plusieurs pages de ce blog à la redomestication des dettes publiques, c’est-à-dire leur détention croissante par les banques des Etats émetteurs. Le secteur financier domestique devient le premier recycleur de la dette publique et le premier créancier des déficits budgétaires.

Ce mouvement est un reflux de ce que l’Euro avait permis, à savoir une union monétaire et bancaire. C’est même un grand bond en arrière, puisque l’internationalisation des dettes publiques avait permis de façonner un marché financier intégré.

Dans ce contexte, la probabilité de voir émettre des Eurobonds, c’est-à-dire des obligations communes aux pays de la zone Euro et dont l’émetteur serait supranational me semble quasiment nulle.

En effet, l’épargne devient nationale plutôt qu’européenne.

La moindre imbrication de l’épargne européenne altère la coopération financière qui devrait servir de préalable à l’émission d’eurobonds.

La redomestication des dettes publiques va aussi re-entraîner un phénomène expérimenté dans les années septante, à savoir l’effet d’éviction, c’est-à-dire une insuffisance d’épargne privée, suite à la ponction effectuée par les pouvoirs publics.

Mais il y a autre chose : la redomestication de l’épargne la rend plus vulnérable à des politiques fiscales nationales, puisque chaque gouvernement acquiert plus de prise sur les placements de ses propres citoyens. Une redomestication de l’épargne diminue donc aussi les perspectives d’une harmonisation fiscale européenne de l’épargne.

En conclusion, on s’est beaucoup plaint des marchés financiers européens mais leur intégration était un préalable à un marché bancaire continental, à une internationalisation des risques souverains et à des politiques fiscales de l’épargne intégrée. Tout ceci est désormais presque révolu.