Tuesday, February 16, 2016

" Une overdose mondiale de liquidités provoquera une crise plus violente que celle de 2009 "



Extrait d'interview de Patrick Artus par Le Nouvel Observateur

Patrick Artus, chef économiste de la banque Natixis, est le co-auteur, avec Marie-Paule Virard, de "la Folie des banques centrales : Pourquoi la prochaine crise sera pire" (Fayard).



Vous expliquez, dans votre livre, qu’une "overdose" mondiale de liquidités provoquera, un jour ou l’autre, une crise plus violente que celle de 2009 !

– L’actualité commence à me donner raison : compte-tenu de la masse toujours croissante de liquidités déversée par les banques centrales sur l’économie mondiale, la moindre vague prend des allures de tsunami ! En 1996, il y avait 2.000 milliards de dollars en circulation ; aujourd’hui c’est 20.000 milliards de dollars qui sont dans le circuit. Les liquidités créées par les banques centrales sont équivalentes à 30 % du PIB mondial, contre 6 % à la fin des années 1990. Les banquiers centraux entretiennent, de manière irresponsable, un effet multiplicateur des crises.

En quoi est-ce dangereux ?

– Parce que cela amplifie les chocs : les flux de capitaux, qui se déplacent brutalement, sont d’autant plus importants que la quantité de monnaie en circulation augmente. Lors de la crise économique asiatique de 1998, il sortait de ces pays 20 à 30 milliards de dollars de capitaux par mois ; aujourd’hui, c’est 300 milliards par mois qui fuient les émergents en difficulté ! Et cet argent vient gonfler des bulles sur d’autres classes d’actifs : immobilier, valeurs technologiques, obligations, etc...

(...)

Pour soutenir l’économie, la BCE a créé une bulle obligataire, avec des taux d’intérêt à long terme anormalement bas. Le jour où cette bulle éclatera – par exemple par un retour inopiné de l’inflation, dû à une brutale remontée du prix du pétrole – les dégâts seront effroyables. Bien pires qu’avec une bulle immobilière ou boursière ! Les emprunteurs – à commencer par les états – seront insolvables. Quant aux prêteurs – banques et assurances –, ils encaisseraient de considérables pertes en capital. Beaucoup se retrouveraient alors en cessation de paiements.



Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20160215.OBS4664/la-crise-economique-mondiale-n-est-pas-pour-demain-mais-pour-apres-demain.html

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