Friday, November 11, 2011

Comme en 1939, une "drôle de guerre"

de Bruno Colmant,
le 11/11/2011
in L'Echo

Je crois que cette fois, les marchés poussent les feux de la tension financière très loin. Avec l’Italie qui est visée, c’est une des plus grosses économies européennes qui montre sa vulnérabilité.

Après l’Italie, quel sera le pays prochain ciblé dans cette lugubre séquence qui compte déjà la Grèce, le Portugal et l’Irlande comme victimes. L’Espagne ? La Belgique ?

Les économistes sérieux savent que, comme une rafale, la crise européenne sera, au mieux résolue par des défauts ou des aménagements de dettes souveraines et de l’inflation et, au pire, par une fissure de l’Euro, aux conséquences inimaginables. La BCE devra, à un moment, imprimer de l’argent dans des proportions inconnues afin de refinancer les dettes publiques. Tout se met en place pour une création monétaire inflationniste.

La réalité, extrêmement désagréable pour nos communautés, est que nous avons vécu à crédit d’un endettement public qui a atteint de tels étiages que son propre remboursement devient une question sans solution claire.

Les responsables de cette situation sont ceux qui n’ont pas, à temps, eu le courage de comprendre qu’il fallait réduire l’endettement public de manière volontaire, plutôt que de croire que la croissance future s’en chargerait.

Et, on l’a désormais compris pour l’Italie comme on l’avait erronément imaginé pour la Belgique, ce n’est pas un changement de gouvernement qui est de nature à impressionner les marchés. Ma conviction est que le temps des rentiers d’idées est révolu, qu’il faut réformer en profondeur notre équation sociale et fiscale afin de favoriser à tout prix la nouvelle génération de travailleurs.

Et qu’on ne s’y trompe pas : si, rapidement, des hommes et des femmes n’ont pas le courage de se mettre à risque personnel en prenant conscience de la gravité de la situation, le pays va affronter de très graves difficultés.

J’ai parfois l’impression que certains, par un biais cognitif qu’ils entretiennent, croient que la Belgique est toujours celle des années quatre-vingts.

Tout a changé.

Tout va changer.

Tout pourrait basculer.

Et si certains banalisent les menaces comme l’attentisme qui avait prévalu pendant la drôle de guerre de 1939, qu’ils se rappellent qu’à un moment, les éléments, comme les marchés, peuvent se déchaîner.

Avec fracas.

Bruno Colmant

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